Article écrit par Sébastien Mareuil
9 Juin 2023 @ 2:39pm
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L’agonie de la livre turque se poursuit

ISTANBUL – La livre turque s’est affaiblie de 0,8% pour atteindre un plus bas historique jeudi, prolongeant ses pertes après une vente massive lors de la séance précédente, qui a été perçue comme un signe de relâchement des autorités sur le contrôle du marché des changes.

La devise a ensuite récupéré une partie de ses pertes, se situant à 23,33 contre le dollar vers 5h42 GMT, après avoir touché un plus bas historique de 23,39 lors de la séance de négoce à liquidité réduite de la nuit.

Un programme économique hétérodoxe

Mercredi, la livre avait plongé de 7,2%, enregistrant la plus forte baisse en une journée depuis une crise historique à la fin de 2021, après que la banque centrale a réduit les taux d’intérêt face à une inflation croissante, dans le cadre des politiques hétérodoxes du président Tayyip Erdogan.

Les économistes ont déclaré que la forte chute de la livre était un signal qu’Ankara s’éloignait du contrôle étatique vers une devise librement négociable, bien qu’il reste de nombreuses réglementations et mesures à abroger.

Vers une dévaluation de la livre ?

“Nous voyons la correction de la livre comme une prise de conscience de la part des décideurs politiques turcs que son utilisation libérale des réserves pour défendre la devise a fait son temps pour l’instant”, a déclaré Erik Meyersson, stratège en chef des marchés émergents chez SEB.

Il a déclaré que la livre pourrait atteindre 27 contre le dollar d’ici la fin de l’année. “Il s’agit d’une révision à la baisse de la valeur de la livre qui reflète les attentes des autorités essayant de contrôler la livre un peu moins”, a écrit Meyersson.

Changement de cap

Sous la pression d’Erdogan, un “ennemi” auto-proclamé des taux d’intérêt, la banque centrale a réduit son taux de politique monétaire depuis 2021, déclenchant une crise historique de la livre qui a envoyé l’inflation à un plus haut de 24 ans, au-dessus de 85% l’année dernière.

Erdogan envisage de nommer Hafize Gaye Erkan, une dirigeante financière basée aux États-Unis, en tant que gouverneur de la banque centrale, a rapporté Reuters lundi.

Certains économistes s’attendent à une hausse d’urgence des taux d’intérêt – à environ 25% contre les 8,5% actuels – avant la prochaine réunion prévue de la banque centrale le 22 juin.

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